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Quelles alternatives aux pesticides dans le 65 ?

Quelles alternatives aux pesticides dans le 65 ?

À partir du 20/03/2018

La semaine des alternatives aux pesticides est l’occasion de mettre en avant le travail d’un de nos partenaires de longue date : le groupement de l’agriculture biologique des Hautes-Pyrénées (GAB65). Rencontre avec son coordinateur, Pascal Lachaud.

Quel est selon vous le meilleur moyen de s’assurer que l’on ne consomme pas de pesticides ?

Le label « Agriculture Biologique » correspond à un cahier des charges européen qui affiche une « tolérance zéro » vis-à-vis de la chimie de synthèse. L’agriculture bio est aujourd’hui sous le feu des projecteurs, elle fait l’objet de contrôles permanents, et n’a pas le droit à l’erreur.

Comment évolue l’agriculture biologique dans notre département ?

Il y a 20 ans, nous étions 2 producteurs à arborer l’étiquette « bio » (j’étais le deuxième !). Aujourd’hui, il y a près de 200 agriculteurs bio sur le 65, dont une quarantaine sont en conversion et une trentaine en mention complémentaire « Nature et Progrès » ou « Demeter ». C’est une belle progression, mais c’est loin d’être suffisant pour faire face aux problèmes de pollutions et de réchauffement climatique que nous sommes déjà en mesure de percevoir.

Il faudrait accélérer le mouvement ?

Arrêter de consommer des intrants issus de la pétrochimie, donc consommateurs d’énergies fossiles, néfastes pour les sols et pour les humains qui les travaillent, toxiques pour ceux qui les consomment n’est pas un luxe mais une obligation urgente pour la société. Le commissariat général au plan a estimé le coût des externalités agricoles à un montant compris entre 1 et 3 milliards d’euros par an, et ceci ne prend en compte que les coûts directement engendrés par l’agriculture intensive (donc pas les dépenses de santé et autres coûts indirects). La responsabilité première de l’agriculture est de proposer une alimentation qui satisfait les besoins humains. Aujourd’hui, elle ne répond pas à ce besoin : les 2/3 de notre production sont destinés à nourrir les animaux d’élevage, y compris hors de nos frontières, et à produire des soi-disant « biocarburants ».

À quoi ressemblerait une agriculture sans pesticides ?

Pour travailler les sols et les cultiver en se protégeant des maladies cryptogamiques et des infestations par des insectes, il faut faire un peu d’agronomie. Les cultivateurs doivent se rappeler qu’ils travaillent sur du vivant, et privilégier la polyculture et la rotation des cultures. Ils doivent réapprendre à utiliser le vivant dans sa diversité : le seigle par exemple permettra de décompacter et d’aérer le sol pour laisser la place aux invertébrés et aux micro-organismes, le colza, le blé et l’orge consommeront beaucoup d’azote tandis que les légumineuses le restitueront très efficacement… Les solutions existent, elles sont du côté de la connaissance (de son sol, des plantes, des complémentarités…) et de la création de systèmes autonomes. Car les pesticides sont aussi synonymes de dépendance…

Mais cette connaissance approfondie des plantes et des sols, comment l’acquérir ?

Ce savoir fait effectivement défaut aujourd’hui : l’agronomie n’est plus enseignée dans les écoles d’agriculture ! Le conseil économique, social et environnemental préconise d’ailleurs dans son rapport de 2016  de réintégrer ces enseignements fondamentaux dans les cursus agricoles. En attendant, une des missions principales du GAB65 est de soutenir les producteurs bio ou en conversion, notamment à travers la formation, et de structurer des collectifs de professionnels pour leur permettre d’échanger sur les bonnes pratiques et de partager leurs retours d’expériences.

Un mot pour conclure ?

Pour supprimer les pesticides de notre agriculture, il me semble urgent, au-delà de ce que chacun peut faire en tant que citoyen et consommateur, de mobiliser nos élus locaux afin que les collectivités locales s’engagent concrètement pour soutenir l’agroécologie. Il y a quelques exemples vertueux dans le département, comme celui de la communauté de communes de Magnoac qui a soutenu la SCIC Odyssée d’Engrain à travers l’achat d’un local, celui de la ville de Séméac qui, suite à un accompagnement par le GAB65, va investir 2 millions d’euros dans son restaurant scolaire pour passer à 50 % de bio dans les assiettes en 5 ans, ou bien encore celui de l’hôpital de Lannemezan qui  va transformer 35 tonnes de légumes frais bio en soupe pour les usagers du service public. Voilà des alternatives très concrètes aux pesticides. Nous avons besoin d’un soutien public effectif pour les mener à bien !

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