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La campagne glyphosate mobilise largement dans les Hautes-Pyrénées

La campagne glyphosate mobilise largement dans les Hautes-Pyrénées

À partir du 26/06/2019

Avez-vous entendu parler de la campagne glyphosate, cette campagne nationale née en Ariège en septembre 2018 et qui va déboucher sur une plainte collective contre les acteurs du business des pesticides ? Vous y avez même peut-être participé ?! Fabien, coordinateur de l’action sur le département des Hautes-Pyrénées, dresse un bilan de cette campagne hors du commun qui vise à lever les tabous sur les pesticides et à pousser un cri d’alerte pour sortir le plus vite possible de ce système agro-industriel tellement dévastateur.
 

Rappelez-nous en quoi consiste la campagne glyphosate.

Cette initiative citoyenne propose à tous et toutes de faire analyser ses urines afin de détecter d’éventuelles traces de glyphosate. Elle vise non seulement à prouver que nous avons toutes et tous des traces de pesticides dans nos organismes, mais aussi à agir en justice en déposant une plainte contre les fabricants de pesticides mais aussi contre les décideurs qui participent au protocole de mise sur le marché des pesticides sans tenir compte des effets à long terme. C’est une démarche assez inédite en France, qui est coordonnée par deux avocats situés à Colmar, Aude et Guillaume Tumerelle.

Quel bilan faites-vous de la campagne glyphosate dans le département ?

Sur les Hautes-Pyrénées, 70 personnes se sont engagées dans la démarche et ont fait analyser leur urine. Sur ces 70 personnes, 60 vont aller plus loin en portant plainte (dont 25 à Lourdes) – démarche qui présentait un coût supplémentaire. Nous avons touché différentes populations, dont un bon nombre de jeunes à Lourdes. Pour nous, l’objectif est atteint !  

Avez-vous reçu les résultats d’analyses ?

Oui, le laboratoire situé en Allemagne nous les a envoyés, et ils sont sans appel : comme les milliers d’analyses réalisées en France, tous contiennent des traces de glyphosate. Au passage, je précise que nous n’avons fait analyser que le glyphosate parce qu’il est emblématique, et qu’il aurait été trop cher de faire analyser plusieurs pesticides, mais notre combat concerne bien sûr tous les pesticides. Tous les échantillons que nous avons envoyés au labo contiennent donc des traces de glyphosate. Les taux trouvés vont de 0.3ng/ml à 2.67ng/ml. En moyenne, le taux de glyphosate observé était de 0.9ng/ml pour le groupe de Tarbes et 1.3ng/ml pour celui de Lourdes.

Quelles conclusions peut-on en tirer ?

Le premier enseignement de cette campagne, c’est que tout le monde est imprégné de pesticides, quel que soit son mode de vie et d’alimentation. Au niveau national, on constate que les taux les plus élevés de pesticides sont relevés dans le Nord, près des grandes plaines en monoculture de betterave ou de pomme de terre. Nous faisons donc l’hypothèse que le glyphosate que nous avons dans notre corps ne vient pas seulement des aliments ou boissons que nous ingérons, mais qu’il provient aussi de l’activité agricole et se propage dans l’air. La différence notable de taux moyen entre Tarbes et Lourdes pourrait aussi s’expliquer par l’activité agricole : lorsque nous avons réalisé les prélèvements à Lourdes, de nombreux champs venaient d’être « préparés » à être semés, alors qu’au mois d’avril à Tarbes, la météo ne le permettait pas encore. En d’autres termes, les pesticides n’avaient pas encore été épandus lors de l’analyse réalisée à Tarbes.

Vous pointez du doigt les pratiques agricoles...

Oui, évidemment ! Mais ce que nous dénonçons, c’est le système de l’agrobusiness qui prend les agriculteurs en otage, et les politiques qui, implicitement, le cautionnent. Les agriculteurs sont les premières victimes des pesticides. Depuis que nous menons cette campagne, j’ai reçu de nombreux appels d’exploitants agricoles ou d’enfants d’exploitants en grande souffrance. Je veux rappeler qu’un agriculteur sur 3 vit avec moins de 350€/mois en France, et que la moyenne de leurs revenus est de 1350€ par mois. Le nombre de suicides en dit long sur leur situation.

Donc un objectif de cette campagne glyphosate c’est aussi de libérer la parole des agriculteurs. Nous voulons « mettre les pieds dans le plat », et parler de toutes les pratiques, y compris illégales, qui font que nous avons du glyphosate en nous. Mais surtout pas pointer du doigt les agriculteurs, qui sont à bout de forces et de nerfs. Je le répète, ce sont eux les premières victimes.


Quelles sont les prochaines étapes ?

Nous attendons le rapport de l’huissier pour planifier la plainte, qui sera normalement déposée en septembre au Tribunal de Tarbes. Chacun porte plainte individuellement sur un même modèle de plainte, et demande que son dossier soit traité avec tous les autres par le pôle santé du Tribunal de Grande Instance de Paris. Ces plaintes individuelles portées collectivement continuent d’arriver de toute la France au tribunal et nous en sommes à 4000 plaintes aujourd’hui en France. Localement, lorsque nous serons en mesure de porter plainte, nous réunirons tous ceux qui ont participé à la campagne et leur proposerons de continuer leur action en interpellant leurs élus locaux lors de la prochaine campagne pour les municipales. Car la transformation du système agricole dont nous avons urgemment besoin est une transformation radicale, qui prendra du temps et ne pourra se faire sans volonté politique forte.

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