La ferme le Béla, récit d'une conversion réussie à la Bio
À partir du 05/04/2019
Biocoop Lourdes : Pouvez-vous nous présenter votre ferme ?
Vincent Lamazou : Avec plaisir ! Je travaille avec mon frère Laurent depuis 2011. Lui était installé depuis 2006, et avait créé l’activité de transformation en yaourts et desserts lactés. Nous avons repris une exploitation familiale qui fonctionnait sur le modèle le plus courant ici, en agriculture conventionnelle, avec de l’élevage laitier et de la production de maïs et de céréales. Nous avons démarré la conversion en Bio en 2010, et sommes 100% en agriculture biologique depuis 2012. Nous avons 50 vaches à la traite, donc une centaine d’animaux au total, que nous nourrissons uniquement avec de la nourriture que nous produisons sur nos terres.
Biocoop Lourdes : quelles sont les prochaines étapes ?
Vincent Lamazou : De passer à un système 100% fourrager ! Nous avons 70ha en prairie, ce qui est suffisant pour nourrir nos bêtes avec de l’herbe et du foin. Nous allons déjà dans cette direction depuis quelques années, et nous avons un projet de séchage en grange, qui nous permettra de gagner en qualité de foin. De façon plus globale, après plusieurs années de croissance, nous arrivons à notre objectif de production de 250 000 litres de lait par an, dont 150 000 litres sont transformés par nos soins. Nous avons constitué une petite équipe, qui est en train de s’agrandir, et aujourd’hui nous avons surtout besoin principalement d’asseoir notre modèle économique, de nous poser un peu.
Biocoop Lourdes : Qu’est-ce que le passage en Bio a changé pour vous ?
Vincent Lamazou : Nous avons tout simplement gagné en qualité de vie ! Au début, cela a été assez difficile car à ce moment-là la Bio n’était pas bien structurée au niveau des chambres d’Agriculture. Il a fallu avancer par nos propres moyens. Tous deux ingénieurs agronomes, nous avions un peu de recul sur l’exploitation familiale, et avons décidé d’internaliser la plus-value que permet la transformation du lait en produits laitiers. La transition a été très compliquée financièrement. Aujourd’hui, nos vaches produisent moins mais sont bien moins malades, et vivent plus longtemps. Ce qui veut dire concrètement : moins de frais de vétérinaire d’une part, et le passage de 2 ou 3 lactations pour une vache en agriculture conventionnelle à 6 ou 8 lactations en bio ! Enfin, ce qui n’a pas été évident, c’est de supporter le regard du milieu agricole local qui ne croyait pas du tout à notre projet. Aujourd’hui, les regards évoluent et nous sommes sûrs d’avoir fait le bon choix : les vaches sont dehors, plus calmes, plus tranquilles et de notre côté, nous sommes moins soumis à une pression de production.
Biocoop Lourdes : Parlez-nous du réseau « invitation à la ferme ».
Vincent Lamazou : Ce réseau regroupe 30 fermes, situées principalement dans l’Ouest de la France, et nous permet d’avoir accès à des compétences, notamment sur le plan commercial, comptable et qualité, que nous n’avons pas, à des distributeurs que nous ne pourrions pas atteindre autrement, à une visibilité bien meilleure et à des prix plus intéressants pour nos achats (emballages…), que nous groupons avec d’autres exploitations. Nous menons d’ailleurs en ce moment une réflexion sur la possibilité de vendre en vrac, d’utiliser des emballages plus écologiques, etc. Comme tous les membres de ce réseau, nous proposons à tous ceux qui le souhaitent de venir assister à la traite tous les 1er mercredi du mois. Nous n’avons rien à cacher ! Et vous êtes donc les bienvenus ! Nous sommes pour une agriculture ouverte, qui ne se cache pas et qui est en lien avec ses acheteurs.