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Campagne glyphosate : impact global, suites locales

Campagne glyphosate : impact global, suites locales

À partir du 28/09/2020

Vous vous rappelez la campagne glyphosate et ses « pisseurs.ses volontaires » ? En juin 2020, ils étaient près de 6500 en France à porter plainte suite à des analyses d’urines qui mettaient en évidence des traces de glyphosate dans la totalité des échantillons. Fabien Mendes, coordinateur de la campagne dans les Hautes-Pyrénées, fait le point avec nous sur l’impact de cette campagne et la suite à y donner localement.

Dans les Hautes-Pyrénées, 60 citoyen.ne.s ont porté plainte contre les fabricants de pesticides et ceux qui leur fournissent les autorisations de mise sur le marché. Dans ce combat contre les pesticides et pour une alternative agricole écologique, pourquoi se tourner vers la justice ?

Fabien Mendes : Il n’y a pas le choix : si on veut faire avancer les choses du point de vue de la législation, il faut passer par des procédures judiciaires. C’est long, contraignant, mais il est nécessaire d’aller sur ce terrain-là. D’ailleurs, la campagne glyphosate, qui est issue du mouvement des faucheurs volontaires, a déjà porté ses fruits : la Cour de justice européenne a rendu un arrêt le 1er octobre 2019 qui met en évidence les points faibles des méthodes d’évaluation des pesticides avant leur mise sur le marché, et nous donne des arguments sur le fait que le principe de précaution n’est pas respecté. En effet, il n’y a pas d’évaluation des effets sur le long terme des composants autres que les principes actifs (qui sont parfois 1000 fois plus toxiques !), pas d’évaluation de l’effet cocktail, la fiabilité des études menées par les fabricants de pesticides est mise en question, l’efficacité des autorités de contrôle qui manquent cruellement de moyens également... Suite à cet arrêt, l’Anses – l’Agence nationale de sécurité sanitaire – a annoncé le retrait des autorisations de mise sur le marché de 36 produits à base de glyphosate, de 76 produits phytosanitaires fongicides (tueurs de champignons) d’usage courant sur les céréales et les betteraves et a refusé d’autoriser 4 nouveaux produits. Maintenant, nous espérons que cette action massive en justice va déboucher sur un procès, qui permettrait de développer nos arguments, de mettre un coup de projecteur sur le fait que nous sommes tous victimes des pesticides, et de faire évoluer significativement la loi et les pratiques.

Un procès glyphosate, ce serait une bonne nouvelle ! Mais récemment, c’est l’autorisation de certains néonicotinoïdes récemment interdits et utilisés pour la culture intensive de la betterave qui a créé la polémique...

Fabien Mendes : En effet ! Mais cette marche arrière est pour moi un symptôme criant de l’agonie du modèle de l’agro business qui prévaut dans la culture de la betterave. La filière betterave est un parfait exemple d’une culture « mondialisée » qui n’est plus soutenable, qui tue les sols et voit ses rendements chuter... Il faut cesser de maintenir sous perfusion des filières malades comme celle-là, d’autant plus qu’elles s’inscrivent dans un modèle agricole qui prend en otage les agriculteur.rice.s, et, en second lieu, les citoyen.ne. s. Car nous ne blâmons pas les agricuteur.rice.s ! Ceux qui ont fait pression pour pouvoir arroser leurs champs de betteraves de pesticides sont en souffrance. Il faudrait simplement leur donner les moyens de passer à autre chose. Les viticulteurs ont déjà largement intégré la nécessité d’un couvert végétal sur le sol, beaucoup plantent des cépages plus rustiques : ils savent qu’ils n’ont pas le choix, qu’il faut s’adapter au changement climatique, et vite. Dans l’agriculture conventionnelle, on travaille de plus en plus la porosité du sol, on cherche à activer la vie du sol, car on commence à se rendre compte qu’en prenant soin de son sol, on a besoin de moins d’intrants par la suite. La transition est en cours, mais il faut l’accélérer !

Entièrement d’accord ! Mais comment faut-il s’y prendre, selon vous ? Que pouvons-nous faire, localement ?

Fabien Mendes : Les actions locales sont partout nécessaires, mais il faut bien être conscient que c’est d’un changement de paradigme national et européen dont nous avons besoin. Les actions locales servent avant tout à définir un autre paradigme, un autre imaginaire, et à renforcer la pression citoyenne sur les pouvoirs politiques. Dans l’agenda local, on note la création d’un groupe local Terre de Liens avec une réunion au GAB65 le jeudi 12 novembre à 19h. Cette dynamique s’inscrit dans un large projet porté par INPACT 65 (GAB65, ADEAR, AFOCG, Terre de Liens) qui vise à favoriser l’installation et la transmission agricole. Nous, citoyens, nous pouvons en effet aider à renforcer l’installation de porteurs de projets en agriculture bio et paysanne en les aidant à trouver des terres, en sollicitant nos élus locaux, en levant de l’épargne citoyenne, en intégrant ces porteurs de projets dans le tissu local, en faisant fonctionner des AMAPs, à travers les cuisines centrales, les EHPAD etc. Rendez vous le 12 novembre au GAB 65 ! (pour plus d’infos contacter Mathieu Gerbault au 06.80.42.93.80).


Retrouvez notre précédent article sur la campagne glyphosate dans les Hautes-Pyrénées ici.

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